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Février 2015

Collectif de rédaction Revolutionärer Weg [Voie révolutionnaire]
(Organe théorique du Parti marxiste-léniniste d’Allemagne
[MLPD])
sous la direction de Stefan Engel
Schmalhorststrasse 1b, D-45899 Gelsenkirchen, Allemagne

Alerte à la catastrophe !
Que faire contre la
destruction délibérée de l’unité
de l’homme et de la nature ?

Titre original :
Katastrophenalarm!
Was tun gegen die mutwillige Zerstörung
der Einheit von Mensch und Natur?

La première édition de cet ouvrage a été publiée en allemand
dans la série Revolutionärer Weg No 35, 2014

Verlag Neuer Weg
une entreprise du Mediengruppe Neuer Weg GmbH
Alte Bottroper Strasse 42, D-45356 Essen, Allemagne
email : verlag@neuerweg.de
www.neuerweg.de
Tous droits réservés

Photo de couverture : Enny Nuraheni © REUTERS

Mise en page et couverture :
Mediengruppe Neuer Weg GmbH

ISBN 978-3-88021-408-8
eISBN 978-3-88021-416-3

Stefan Engel

Alerte à la catastrophe !

Que faire contre la
destruction délibérée de l’unité
de l’homme et de la nature ?

La lutte de classe
et la lutte pour l’unité
de l’homme et de la nature

Verlag Neuer Weg

Sommaire

Alerte à la catastrophe !

Que faire contre la destruction délibérée
de l’unité de l’homme et de la nature ?

Préface

I. De l’unité fondamentale de l’homme et de la nature

1. Dialectique de la nature

2. La biosphère, fondement de la vie humaine

3. Lutte idéologique pour l’unité fondamentale de l’homme et de la nature

4. Critique fondamentale du programme de Gotha par Marx et Engels

5. Sous-estimation générale de la question environnementale dans le mouvement ouvrier

II. Capitalisme et destruction de l’environnement

1. Sapement des bases naturelles d’existence et ruine de la force de travail

2. La crise écologique comme phénomène concomitant de l’impérialisme

3. La crise écologique comme phénomène immanent

III. La menace d’une catastrophe écologique mondiale

A. Facteurs principaux du basculement dans une catastrophe écologique mondiale

A.1. La destruction de la couche d’ozone

A.2. La déforestation accélérée

A.3. La catastrophe climatique mondiale s’annonce

A.4. Nette augmentation des catastrophes climatiques régionales

B. Nouvelle phase dans le basculement de la crise écologique en catastrophe écologique planétaire

B.5. Le danger d’asphyxie menace les océans

B.6. La destruction d’écosystèmes régionaux et la disparition d’espèces

B.7. L’exploitation abusive et impitoyable des ressources naturelles

B.8. L’invasion massive de déchets, contamination et pollution

B.9. L’utilisation irresponsable de l’énergie nucléaire

C. Autres facteurs accélérant le basculement dans une catastrophe environnementale

C.10. Méthodes d’extraction destructrices dans l’exploitation des matières premières

C.11. Le manque d’eau douce propre

C.12. La surexploitation de la force de travail humaine et la destruction des bases naturelles d’existence

IV. Lutte de classe et lutte pour sauver l’environnement naturel

1. Écologisme impérialiste et politique environnementale impérialiste

2. Mouvement écologiste petit-bourgeois et écologisme petit-bourgeois

3. Le caractère international et anti-impérialiste de la lutte pour sauver l’environnement naturel

4. La nouvelle qualité du mouvement écologiste

5. Politique environnementale dans le socialisme et son revirement dans le capitalisme bureaucratique

6. La solution de la question environnementale dans le socialisme/communisme

Annexe :

Bibliographie

Préface

La question environnementale a sans aucun doute atteint la conscience publique. Au niveau mondial s’accroît la préoccupation sur l’état de l’environnement naturel. Aucun politicien, professionnel des médias, entrepreneur ou syndicaliste qui veut être pris au sérieux ne peut plus se permettre d’ignorer cette question. Aujourd’hui, trop de catastrophes écologiques survenant à l’échelle locale ou régionale tourmentent l’humanité.

Dans l’opinion publique, on crée l’impression que la question écologique est entre de bonnes mains chez les dirigeants et leurs gouvernements. Mais en réalité, depuis l’apparition de la crise environnementale au début des années 1970, ils n’ont ni la capacité ni la volonté d’agir de façon efficace contre cette crise. Au lieu de cela, l’humanité est entraînée sans retenue – voire de façon accélérée – vers une catastrophe écologique mondiale. Celle-ci possède le potentiel d’anéantir les fondements de toute existence humaine. La responsabilité de cette évolution incombe en premier lieu aux supermonopoles internationaux qui dominent aujourd’hui la totalité de la production mondiale, le commerce international ainsi que la politique, l’économie et la science dans tous les pays.

Une nouvelle conscience écologique est née. Mais son niveau est loin d’être suffisant pour comprendre dans toutes ses conséquences le risque pour l’existence de l’humanité. Dans l’opinion publique, quelques facteurs isolés de la crise environnementale sont unilatéralement mis en évidence par exemple la menace de la catastrophe climatique.

En même temps on refoule ou banalise d’autres problèmes non moins dramatiques – tels que l’agrandissement du trou d’ozone et la destruction des écosystèmes des océans ou des forêts. Ce sont surtout les corrélations et les interactions qui sont largement ignorées.

Mais est-il vraiment envisageable que seuls des arguments convaincants puissent inciter les responsables de l’économie de profit capitaliste à arrêter cette évolution ? Est-il envisageable que les monopoles internationaux dirigeants renoncent tout à coup à leur domination sans partage ou à leurs bénéfices exorbitants, au seul motif de sauver l’environnement ?

Cela n’arrivera pas ! En pleine connaissance des risques mortels, ils mènent la Terre vers la catastrophe écologique ! Aujourd’hui les conditions de la concurrence capitaliste exigent de la part des monopoles internationaux, sous peine de leur ruine, qu’ils poussent à l’extrême la surexploitation de l’homme et de la nature.

La question dite environnementale est devenue depuis longtemps une question hautement politique. Quelle est la raison d’être d’un ordre social dont toute l’existence repose sur une base menaçant l’homme et la nature ?

Au lieu d’entreprendre quelque chose de sérieux contre cette menace, les milieux dominants ont établi tout un système d’écologisme impérialiste et petit-bourgeois pour manipuler l’humanité toute entière. Avec des apaisements, des mensonges, des dissimulations et des pseudo-solutions, ils s’efforcent de prévenir ou de démoraliser la résistance active des masses.

Ce livre ne laisse aucun doute : l’humanité ne doit pas confier la question environnementale au système social dominant. Sinon elle périra dans la barbarie capitaliste !

Sur la base d’une multitude d’enquêtes concrètes, le livre arrive à la conclusion que l’humanité se trouve à présent en pleine transition progressive vers une catastrophe écologique mondiale. Aujourd’hui, la solution à la question environnementale exige une lutte visant à transformer la société. Seule une révolution socialiste internationale peut résoudre la question sociale et écologique. C’est seulement dans une société socialiste délivrée de l’exploitation de l’homme par l’homme que l’être humain et la nature formeront une unité fructueuse. Ce ne sera que dans une société communiste sans classes que « l’humanisation de la nature » et la « naturalisation de l’homme » arriveront à leur achèvement relatif, comme le formula Karl Marx.

Afin d’atteindre ce grand objectif, ce sont à la fois le mouvement écologiste et le mouvement ouvrier qui doivent se transformer. De même, les révolutionnaires à travers le monde doivent changer, c’est à eux d’enrichir leur stratégie et leur tactique politiques et de les développer à un niveau supérieur en fonction des nouveaux faits.

Or, cela ne va pas sans de sérieuses discussions, sans évaluations critiques et autocritiques et sans progrès des connaissances en la matière. Le présent ouvrage se doit d’y apporter une aide, une contribution au débat. Il constitue explicitement une polémique qui s’insinue dans le débat sur la stratégie pour la question environnementale et qui prend résolument position. Un livre qui doit désillusionner, mais surtout mobiliser et dessiner de façon créatrice la vision d’une société future où la question écologique pourra être vraiment résolue.

Le livre défend une grande rigueur scientifique. Il s’appuie sur des recherches approfondies et sur des faits de la science bourgeoise afin d’en extraire de façon critique les conclusions essentielles et de révéler les rapports dialectiques qui existent au sein de l’interaction universelle entre l’homme et la nature.

La méthode dialectico-matérialiste et la théorie de l’unité fondamentale de l’homme et de la nature, développées par Karl Marx et Friedrich Engels voici déjà 170 ans, sont la ligne directrice de ce livre. Avec l’apparition du réformisme dans le mouvement ouvrier à la fin du 19e siècle, ces fondements ont été rejetés, méprisés, voire même systématiquement passés sous silence, ce qui continue de produire des effets négatifs sur les mouvements ouvrier et populaire jusqu’à ce jour.

En plus de l’appréciation à leur juste valeur des connaissances remarquables acquises par Marx et Engels sur la dialectique de l’homme et de la nature, la mise au débat critique de l’anticommunisme moderne dans la question environnementale caractérise la qualité de cet ouvrage. De même, les formes les plus diverses de résignation, minimisation, simplification ou de panique rencontrées au sein du mouvement écologiste sont critiquées sur le plan idéologique.

Le collectif rédactionnel remercie les plus de 100 collaboratrices et collaborateurs qui ont contribué avec compétence à ce livre. En font partie Klaus Arnecke, architecte ; Dr méd. Günther Bittel, spécialiste en anesthésiologie et médecine générale ; Herbert Buchta, biologiste diplômé et vétérinaire praticien ; Werner Engelhardt, politologue; Adelheid Erbslöh, biologiste diplômée ; Oskar Finkbohner, collaborateur dans la Société pour l’encouragement des Études Scientifiques sur le Mouvement Ouvrier (GSA) ; Monika Gärtner-Engel, pédagogue diplômée ; Rainer Jäger, lecteur ; Prof. Dr Christian Jooss, physicien ; Dr Hans-Ulrich Jüttner, physicien ; Christoph Klug, psychologue diplômé et journaliste scientifique ; Prof. Dr Josef Lutz, physicien ; Dr méd. Willi Mast, spécialiste en médecine générale ; Roland Meister, avocat ; Dr méd. Dieter Stein, spécialiste en médecine générale ; Peter Weispfenning, avocat ; Gerd Zitzner, ingénieur agronome diplômé.

Enfin, ce livre est le résultat de la discussion critique et autocritique et de la coopération avec des militants du mouvement écologiste et des révolutionnaires venant de toute la planète.

Le titre de l’édition sous forme de livre – « Alerte à la catastrophe ! Que faire contre la destruction délibérée de l’unité de l’homme et de la nature ? » – doit faire prendre conscience de la gravité des problèmes ainsi que de l’urgence de leur solution.

Avec ce livre, ce n’est pas la première fois que le Parti marxiste-léniniste d’Allemagne se penche sur la question environnementale. Il poursuit la série Revolutionärer Weg [Voie révolutionnaire] qui, depuis déjà 1984, s’occupe fondamentalement et systématiquement de la crise écologique du point de vue du marxisme-léninisme. Cependant, il hisse les connaissances à un nouvel échelon suite aux développements intervenus entre-temps. Ce livre doit avant tout aider à ce que la question écologique reconquière une place à part entière dans le mouvement ouvrier et révolutionnaire international.

Stefan Engel, mars 2014

I. De l’unité fondamentale de l’homme et de la nature

1. Dialectique de la nature

Le concept scientifique de nature

Dans l’usage courant, on réduit la notion de « nature », le plus souvent, à des phénomènes isolés dans l’environnement de l’homme : au paysage, à la faune et la flore ou aussi au temps qu’il fait. Du point de vue du matérialisme dialectique, le concept de « nature » comprend par contre la réalité universelle tout entière.

La nature se compose d’une multitude infinie de formes du mouvement matériel et d’états de la matière, constamment en mouvement et en transformation. Les formes de mouvement les plus connues sont le changement de lieu, le frottement, la chaleur, la lumière, l’électricité, le magnétisme, le rayonnement radioactif, les réactions chimiques, le métabolisme biochimique, la photosynthèse … Quant aux états de la matière, on peut distinguer entre gaz, solides et liquides ou entre matières organiques et inorganiques. Ces éléments naturels se conditionnent réciproquement et se trouvent en même temps en conflit permanent.

Toutes les différentes formes d’existence de la matière ne sont rien d’autre que des processus naturels différents. Selon les connaissances actuelles, ces formes vont de la matière continue en passant par des particules subatomiques infimes dans le microcosme aux amas galactiques gigantesques et à des superstructures encore plus grandes dans le macrocosme.

À l’aide de l’analyse spectrale, on a pu prouver que les galaxies et les nébuleuses, les étoiles et les planètes comme notre Terre sont faits d’éléments constitutifs identiques : d’atomes d’éléments chimiques et de particules subatomiques. Toutes les manifestations et tous les degrés de développement de la matière constituent un système d’un devenir et mourir universels.

Le matérialisme dialectique part du principe que toute la nature est matérielle – qu’elle existe donc objectivement, indépendamment de la conscience et de la volonté de l’homme. Les mouvements de la matière suivent des lois du mouvement dialectiques. On entend par dialectique de la nature l’ensemble du mouvement matériel sous sa forme la plus générale.

À chaque degré de développement de la matière surgissent des formes qualitativement nouvelles et aussi de nouvelles lois du mouvement que les hommes peuvent étudier, reconnaître et utiliser. Le progrès de l’humanité dans la connaissance se manifeste par le degré de sa connaissance de la dialectique de la nature ainsi que par sa capacité à appliquer consciemment la méthode dialectique à la nature, à la société et à la pensée, la sensibilité et l’action humaines.

La cosmologie bourgeoise nie l’infinité de la matière. Elle ne regarde que ses formes concrètes et les traite comme formes absolues. Depuis toujours, elle cherche inlassablement et en vain le commencement et la fin de l’univers. Selon la théorie actuelle, « l’expansion » du cosmos aurait commencé il y a entre environ 13 à 20 milliards d’années à partir du « néant » par un « big-bang ». Depuis le début les marxistes-léninistes ont critiqué cette « Genèse » de la cosmologie bourgeoise ;aujourd’hui, elle est très controversée même parmi les scientifiques bourgeois.

Les phénomènes naturels concrets sont finis, le mouvement général de la matière est par contre infini. L’infinité de la matière en mouvement est ce qui constitue son identité universelle dans le macrocosme et le microcosme.

L’origine de la matière et du mouvement à partir du « néant » n’est pas compatible avec les lois inhérentes à la nature. La matière en mouvement ou le mouvement matériel ne sont ni à créer ni à détruire. Engels a écrit à ce sujet :

« Toute la nature qui nous est accessible constitue un système, un ensemble cohérent de corps, étant admis que nous entendons par corps toutes les réalités matérielles, de l’astre à l’atome, voire à la particule d’éther, dans la mesure où l’on admet qu’elle existe. Le fait que ces corps sont en relation réciproque implique déjà qu’ils agissent les uns sur les autres, et cette action réciproque est précisément le mouvement. Ici déjà il apparaît que la matière est impensable sans le mouvement. Et si, de plus, la matière s’oppose à nous comme quelque chose de donné, aussi impossible à créer qu’à détruire, il en résulte que le mouvement est lui-même aussi impossible à créer qu’à détruire. » (Friedrich Engels, « Dialectique de la nature », Éditions sociales, Paris 1975, p. 76)

Les changements qualitatifs dans la nature se produisent par sauts. « Par quoi un passage dialectique se distingue-t-il d’un passage non dialectique ? » demande Lénine et il répond : « Par le saut. Par la contradiction. Par l’interruption de la gradation. » (Lénine, « Résumé des “ Leçons d’histoire de la philosophie ” de Hegel », Œuvres, Paris/Moscou 1971, t. 38, p. 267)

C’est une idée absurde qui prend les désirs pour la réalité que des scientifiques, des philosophes ou des politiciens bourgeois donnent la priorité aux processus graduels, évolutifs dans la nature, dans la société ou dans la pensée, la sensibilité et l’action humaines par rapport aux processus par sauts, révolutionnaires. Dans la nature, les deux formes de mouvement, l’évolution et la révolution, se conditionnent réciproquement, naissent l’une de l’autre et se transforment l’une dans l’autre dans un processus continu et infini. Le mouvement graduel prépare le changement manifeste, le saut qualitatif, et est remis en marche à son tour par le saut à un niveau toujours supérieur.

Ces sauts qualitatifs peuvent se dérouler en seulement une fraction de seconde comme c’est le cas pour les processus biologiques, chimiques et électriques ou dans la pensée, la sensibilité et l’action humaines. Mais ils peuvent aussi bien s’étendre sur des milliards d’années comme c’est le cas pour l’émergence et la mort des étoiles. Ces énormes différences incitent les matérialistes vulgaires ou les empiristes à n’accepter que des changements perceptibles. Pour eux, ce qui se passe dans l’univers consiste en manifestations isolées, en cycles se reproduisant éternellement ou en processus qui au mieux subissent des changements quantitatifs.

Les sauts qualitatifs signalent leur approche par l’accélération des changements quantitatifs et par une intensification des contradictions inhérentes aux choses ou aux processus. Sur la base d’analyses scientifiques du réchauffement accéléré de la planète, des conditions météorologiques de plus en plus extrêmement contradictoires, de l’extinction accélérée des espèces, de l’acidification notable des océans, de la destruction des forêts, de l’amincissement inquiétant de la couche d’ozone et de la multiplication de catastrophes écologiques au niveau régional depuis les années 1990, le MLPD est arrivé à la conclusion pertinente que dans le processus de la crise écologique planétaire, un saut qualitatif, le basculement vers une catastrophe écologique planétaire, a déjà commencé. D’autres observations scientifiques confirment aujourd’hui que ce processus s’est élargi et accéléré. Ce sont bien les méthodes métaphysiques de la conception bourgeoise du monde qui empêchent de pronostiquer de manière réaliste le développement de l’unité de l’homme et de la nature.

Étudier et généraliser les formes de mouvement infinies de la matière, les processus infinis de la transformation d’une forme de la matière dans une autre, arracher à la nature les lois du mouvement concrètes qui y agissent, et les appliquer ensuite – c’est en cela que consiste la base idéologique de la compréhension toujours meilleure de l’unité de l’homme et de la nature, et de la capacité de plus en plus grande à la façonner. En fin de compte, seul un ordre social guidé par un tel mode de pensée scientifique prolétarien, socialiste et communiste est en mesure de garantir une unité durable et en constante évolution de l’homme et de la nature.

La dialectique du macrocosme

Suite au développement de la radioastronomie, la perception humaine dans le macrocosme s’étend aujourd’hui dans les profondeurs de l’espace jusqu’à une distance d’environ 13,8 milliards d’années-lumière1. Toutefois, cela ne représente qu’une partie minuscule de l’immensité sans fin de l’univers. Des milliards de systèmes stellaires, de galaxies peuvent être observés. Ils forment des amas et des super-amas qui, à leur tour, peuvent contenir jusqu’à un million de galaxies. Comme pour toutes les formes de la matière, il y a lutte et unité, interactions et collisions aussi parmi les galaxies. Elles passent par différents stades de développent et peuvent se faire absorber dans des galaxies plus grandes, en faire naître de nouvelles ou se désintégrer en formes inférieures de la matière.

Notre galaxie, la Voie lactée, fait partie d’un amas d’environ 30 galaxies. Elle comprend 200 à 300 milliards d’étoiles qui gravitent autour d’un centre sous forme d’une spirale gigantesque et qui forment, en partie, des amas globulaires.

Notre Soleil se déplace dans une région excentrée de la Voie lactée, à environ 30 000 années-lumière du centre de la galaxie. Il met environ 220 millions d’années pour parcourir son orbite autour du centre.

Notre système solaire est un ensemble formé par le Soleil et huit planètes avec leurs lunes, des planétoïdes2, des comètes et des météorites, des gaz et des poussières. 99,87 pour cent de la masse du système solaire se concentrent dans le Soleil, raison pour laquelle les autres corps célestes gravitent autour de lui dans son champ de gravitation.

Le Soleil est une étoile, une boule de gaz lumineuse de grande masse et de températures élevées. À l’intérieur du Soleil, à une température de plus de 15 millions de degrés Celsius, brûle un plasma constitué de noyaux d’atomes d’hydrogène, de noyaux d’atomes d’hélium, d’électrons libres et de deux pour cent d’éléments plus lourds.

L’énergie du Soleil provient surtout de la fusion de noyaux d’hydrogène en noyaux d’hélium. Lors de cette fusion nucléaire, une partie de la masse des noyaux atomiques est transformée en énergie, qui est libérée sous forme de rayonnement.

Le Soleil est entouré par la photosphère, une enveloppe épaisse de seulement 300 kilomètres. La température s’y élève seulement à quelque 5 700 degrés. C’est de là que la plus grande partie de l’énergie solaire est émise vers l’extérieur sous forme de rayonnement. De plus chaque seconde, environ un million de tonnes de matière solaire jaillit de la couronne solaire dans l’univers à une vitesse supersonique. La fin de notre Soleil en tant que source d’énergie de notre système solaire peut être calculée : elle aura lieu dans environ cinq milliards d’années.

Le rayonnement émis par le Soleil consiste en ondes électromagnétiques et en particules chargées. Seule une petite partie d’entre elles atteint la Terre et est absorbée par l’atmosphère terrestre de différentes façons ou réfléchie.

Du point de vue macrocosmique, la Terre est un corps céleste minuscule avec sa masse de 6 trilliards (1021) de tonnes et son diamètre de 12 756 kilomètres à l’équateur. Elle tourne autour de son propre axe, ce qui cause l’alternance jour et nuit et influence les mouvements d’air et les courants marins.

L’orbite presque circulaire de la Terre autour du Soleil lui garantit un apport d’énergie pratiquement régulier. L’inclinaison de l’axe de la Terre selon un angle de 66,5 degrés par rapport au plan du mouvement orbital de la Terre autour du Soleil provoque les différentes saisons. La gravitation de la Lune joue sur les océans et engendre la marée.

La Terre s’est formée il y a 4,5 milliards d’années à partir de particules de matières gazeuses et pulvérulentes. Celles-ci ne cessaient de s’entrechoquer, ce qui les a échauffées et elles ont fusionné. La pression et sa haute température internes ainsi que la chaleur causée par des processus de désintégration de matières radioactives firent de la Terre d’abord un astre en fusion.

La croûte terrestre, l’enveloppe solide, ne s’est formée que peu à peu. Sous la croûte se trouve le noyau de la Terre, principalement constitué de fer incandescent. La croûte terrestre et le manteau supérieur jusqu’à une profondeur de 250 kilomètres contiennent du magma liquide. C’est à cause du mouvement du magma que les plaques tectoniques de la croûte terrestre restent sans cesse en mouvement et produisent toujours de nouveaudes tremblements de terres ou des éruptions volcaniques. Le noyau terrestre commence à partir de 2 900 kilomètres de profondeur, où règne une température comprise entre 4 000 et 6 000 degrés Celsius.

Depuis la naissance de la Terre, des gaz s’échappaient de son intérieur. La masse de la Terre fut assez importante pour en attirer une partie, pour les retenir et former ainsi une atmosphère. Pour cette raison, la Terre s’est refroidie considérablement plus lentement que l’on aurait pu normalement s’y attendre. Cela fut une condition importante pour l’apparition de la vie.

L’atmosphère primaire de la Terre permit, avec l’aide de l’énergie solaire et du volcanisme, la formation d’importantes quantités de matières organiques. À partir d’elles se formèrent les premiers êtres vivants dans l’océan primitif en moins d’un milliard d’années. La biosphère se forma. Au zénith d’une évolution qui dura environ 3,5 milliards d’années, les premiers êtres humains commencèrent à s’y développer avec un environnement naturel qui convenait à leur existence.

Dialectique des lois de la nature

La loi de la gravitation est une loi fondamentale de la nature. Elle décrit les forces qui agissent entre les masses dans la nature. La gravitation influe sur la matière de maintes façons. Elle modifie par exemple la trajectoire et la fréquence de la lumière ainsi que la vitesse des mouvements microscopiques dans les atomes et les molécules. La vision mécanique du monde traite la gravitation en tant que « force d’attraction entre les corps célestes ». Du point de vue de sa conception dialectico-matérialiste de la nature, Friedrich Engels critiqua le fait que cet aspect de la gravitation est posé comme absolu :

« Tous les processus naturels sont doubles, ils reposent tous sur le rapport d’au moins deux parties agissantes, l’action et la réaction. … Mais attraction et répulsion sont aussi inséparables l’une de l’autre que positif et négatif et, par suite, sur la base de la dialectique elle-même, on peut prédire d’avance que la théorie vraie de la matière doit assigner à la répulsion une place tout aussi importante qu’à l’attraction, qu’une théorie de la matière reposant sur la seule attraction est fausse, insuffisante, loin de compte … Toute la théorie de la gravitation repose sur l’affirmation que l’attraction est l’essence de la matière. Cela est nécessairement faux. Là où il y a attraction, il faut qu’elle soit complétée par la répulsion. » (Friedrich Engels, « Dialectique de la nature », op. cit., p. 87)

La conception métaphysico-idéaliste de la nature rend absolue la validité de lois isolées de la nature ou de certains de leurs aspects. Pour elle, les lois de la nature sont valables « éternellement », « ont été importées dans la nature de l’extérieur » et sont donc « placées au-delà de la nature ». En réalité, les différentes lois du mouvement ne sont ellesmêmes que l’expression de processus de qualités différentes aux différents stades de développement de la matière.

La structure des atomes constitue une preuve excellente de la dualité de la nature. La masse de l’atome est concentrée dans le noyau atomique qui, de par sa charge électrique positive, exerce une force d’attraction sur les électrons de charge négative du nuage électronique . L’énergie cinétique des électrons empêche que ceux-ci tombent dans le noyau atomique de charge positive et qu’ils le neutralisent. Le nuage électronique agit donc comme un blindage relatif par rapport au champ électrique du noyau atomique de charge positive. Des nuages énergétiquement plus favorables peuvent être obtenus par la combinaison avec les couches électroniques d’autres éléments ou du même élément. Pour cette raison, la plupart des éléments dans la nature existent presque exclusivement liés dans des molécules ou des cristaux.

Malgré toutes les connaissances isolées obtenues de façon dialectico-matérialiste, les sciences naturelles bourgeoises restent dominées par la conception métaphysico-idéaliste du monde. La méthode métaphysique dissout la corrélation globale des processus métaboliques entre l’homme et la nature dans un déluge de connaissances isolées. Les résultats en sont des interprétations erronées et des erreurs pratiques, pour la plupart au détriment de l’homme et de l’environnement naturel.

La force motrice décisive des sciences naturelles bourgeoises est de transformer directement et le plus vite possible les connaissances de la nature en production de marchandises qui apporte le profit maximal. Cela est dicté par la lutte concurrentielle capitaliste acharnée au stade de la production internationalisée. Cette motivation bornée restreint de plus en plus l’horizon des sciences naturelles et a mené à une crise dans le développement des sciences naturelles modernes.

C’est seulement en conformité avec les lois inhérentes à la nature que l’unité de l’homme et de la nature peut être façonnée consciemment et développée à un niveau supérieur. Friedrich Engels écrit :

« La dialectique dite objective, règne dans toute la nature, et la dialectique dite subjective, la pensée dialectique, ne fait que refléter le règne, dans la nature entière, du mouvement par opposition des contraires qui, par leur conflit constant et leur conversion finale l’un en l’autre ou en des formes supérieures, conditionnent précisément la vie de la nature. » (Friedrich Engels, ibid., p. 213)

Pour le développement des sciences naturelles modernes, la dialectique matérialiste représente le mode de pensée décisif. Elle constitue la seule méthode avec laquelle peuvent être expliqués des processus de développement, des corrélations et des transitions d’un champ de recherche à l’autre dans la nature.

2. La biosphère, fondement de la vie humaine

Chaque vie est impliquée dans un rapport complexe et indissoluble avec l’environnement inanimé. Dans les sciences naturelles la partie de la Terre qui rend possible la vie et abrite des formes de vie est dénommée biosphère3.

Dans certains traités de sciences naturelles la biosphère est définie unilatéralement comme la totalité des êtres animés terrestres ou encore comme la somme de tous les écosystèmes de la Terre. Par exemple pour Hartmut Bick, professeur d’écologie, la biosphère est « l’espace de la planète Terre habitable par des organismes » (« Ökologie » [Écologie], p. 8)

Pourtant, une telle manière de voir est unilatérale, simplificatrice et trompeuse. Elle considère le monde animé et l’inanimé comme des contraires figés et des phénomènes isolés l’un de l’autre. Mais c’est par son métabolisme actif et permanent avec la nature inanimée que l’essence de la vie se manifeste. Friedrich Engels a critiqué la manière métaphysique de voir la nature :

« Car rien dans la nature n’arrive isolément. Chaque phénomène réagit sur l’autre et inversement, et c’est la plupart du temps parce qu’ils oublient ce mouvement et cette action réciproque universels que nos savants sont empêchés d’y voir clair dans les choses les plus simples. » (Friedrich Engels, « Dialectique de la nature », op. cit., p. 178/179)

En conformité avec la considération dialectico-matérialiste de la nature, le géoscientifique russe Vladimir Ivanovitch Vernadski (1863-1945) a développé une définition pertinente de la biosphère : tous les organismes terrestres, y compris la matière inanimée qui les entoure, avec laquelle ils se trouvent dans un métabolisme infini, qu’ils contribuent à façonner et sur laquelle ils impriment leur marque.

Vernadski soulignait le rôle actif de la vie dans le système de la biosphère, notamment celui de l’être humain muni de conscience. L’homme peut modifier et transformer durablement et profondément son environnement animé et inanimé, et il est influencé par celui-ci, il fait partie de la biosphère. Cela inclut la possibilité de modifier négativement l’environnement naturel à tel point que les conditions naturelles de l’existence humaine soient très largement déformées ou même détruites.

Dans ce sens il est tout à fait correct, aussi d’un point de vue scientifique, de parler aujourd’hui de la « destruction de l’environnement naturel de l’homme ». Par contre le concept généralisant de « destruction de la nature », parfois utilisé en langue courante dans le mouvement écologiste, doit être rejeté comme non scientifique du point de vue dialectico-matérialiste et semble être le produit d’un sentiment de panique. La nature et l’univers ne peuvent être ni créés ni détruits, mais seulement modifiés.

Le système de la biosphère

Hormis la Terre, on n’a découvert jusqu’ici aucun corps céleste qui présente des traces de vie ou des conditions suffisantes pour permettre la vie. En raison de la validité universelle des lois de la nature, la vie extraterrestre est en principe possible – partout dans l’univers infini où les conditions naturelles appropriées sont réunies.

Comparée au volume total de la Terre, la biosphère est une enveloppe assez mince. Elle s’étend sur environ 60 kilomètres au-dessus et cinq kilomètres au-dessous de la surface de la Terre. Elle comprend la couche supérieure de la croûte terrestre, y compris le système des espaces occupés par l’eau et des couches basses de l’atmosphère.

L’apparition de la vie il y a 3,5 milliards d’années est le résultat de la capacité infinie qu’ont les formes de mouvement de la matière inanimée et animée de se métamorphoser. Dans son livre « Der Geist fiel nicht vom Himmel » [L’Esprit n’est pas tombé du ciel] Hoimar von Dithfurt décrivit ainsi le processus de la genèse de la première vie primitive :

« Par conséquent, le premier pas de la vie fut un acte d’autonomisation, de sortie du milieu qui devint en même temps objectivement monde extérieur. … À ce postulat, qui va presque de soi, s’oppose cependant d’une manière paradoxale une nécessité dans le sens exactement inverse qui pose la contrainte de maintenir sans cesse le lien avec ce même monde extérieur. … La solution ne peut résider que dans l’établissement d’un lien hautement “ qualifié ” avec le monde extérieur. Il faut qu’il s’agisse d’un lien de caractère sélectif, faisant le tri. » (p. 32/33)

L’autonomisation de la vie face à son environnement et le métabolisme ainsi démarré entre les êtres vivants et leurs milieux étaient des processus dialectiques qui évoluaient en spirale à des niveaux plus élevés passant de formes de vie primitives à des formes supérieures.

Au début, l’atmosphère terrestre était encore dépourvue d’oxygène pur. Elle était fortement saturée de vapeur d’eau et contenait entre autres de l’ammoniac, du méthane, de l’hydrogène ainsi que du monoxyde et du dioxyde de carbone.

Aujourd’hui on a réussi, dans des conditions reconstituant artificiellement l’atmosphère primitive, à créer des éléments constitutifs importants de la vie (entre autres des aminoacides et des mononucléotides) et à les assembler en acides nucléiques et protéines. Ce faisant, on a prouvé la genèse naturelle des composants essentiels du métabolisme organique et de l’hérédité.

De façon pertinente, Friedrich Engels définit la « vie » comme « le mode d’existence des corps albuminoïdes4, et ce mode d’existence consiste essentiellement dans le renouvellement constant, par eux-mêmes, des composants chimiques de ces corps. » (Friedrich Engels, « Anti-Dühring », Éditions sociales, Paris 1977, p. 112)

Depuis, la recherche génétique moderne a fourni la preuve que les gènes évoluent selon des lois immanentes et en unité dialectique avec l’environnement en mutation.

Pour appréhender toute la complexité de la biosphère, il est judicieux de recourir d’abord à la méthode scientifique d’examen de ses composants isolés essentiels. Friedrich Engels définit cette méthode comme suit :

« Pour comprendre les phénomènes pris individuellement, il nous faut les arracher de l’enchaînement universel, les considérer isolément … » (Friedrich Engels, « Dialectique de la nature », op. cit., p. 243)

C’est précisément pour cette raison que la biosphère est habituellement subdivisée en trois sous-ensembles, sur le modèle du géologue autrichien Eduard Suess (1831-1914) :

la lithosphère, la couche des minéraux et des sols ;

l’hydrosphère, les espaces de la Terre occupés par l’eau et

l’atmosphère, l’enveloppe d’air de la Terre.

Pourtant il ne s’agit pas de zones précisément délimitées, mais de parties d’un système global cohérent qui se trouvent en interaction dialectique.

La lithosphère

Une des fonctions écologiques les plus importantes des roches de la croûte terrestre consiste à fournir des minéraux érodés, matériaux de départ pour la formation des sols. Avec des matériaux organiques morts, ils sont à l’origine des sols plus ou moins fertiles qui constituent l’une des bases indispensables de toute civilisation humaine. La collecte et l’élaboration de l’eau potable constituent une autre de leurs fonctions.

La croûte terrestre est un habitat distinct. Sans une immense diversité d’organismes du sol, le processus de la formation des sols serait tout à fait impensable. Dans le sol, la substance organique morte est de nouveau décomposée en ses divers éléments. Le gaz carbonique, l’eau, des composés de l’azote et d’autres sels redeviennent ainsi disponibles pour les plantes en tant que nutriments. En plus, s’y déroulent également de multiples processus synthétiques (de formation et de transformation), sans lesquels par exemple la formation d’humus serait impensable.

Déjà le grand naturaliste Charles Darwin (1809-1882) découvrit que le ver de terre tout ordinaire (dont il existe de nombreuses espèces dans le monde) est le principal responsable de la formation de la terre arable fertile et qu’il est, par conséquent, indispensable à l’existence humaine. Dans le traité « Écosystèmes » de Frank A. Klötzli, on lit à ce sujet :

« Ainsi entre 1 et 20 tonnes de terre par an et hectare passent par les corps des vers de terre. De cette façon, le sol supérieur dans la forêt de feuillus est remué une fois en 200 à 300 ans jusqu’à une profondeur de 50 cm, dans les steppes les 30 cm supérieurs sont remués en 100 à 150 ans. » (p. 253)

La faune et la flore du sol se composent de vers en tous genres, d’arachnides, d’insectes minuscules, d’algues, de champignons et de bactéries. Dans les strates du sol se déroule sans arrêt leur métabolisme avec les composants minéraux, organiques et gazeux de la lithosphère.

Les organismes du sol sont responsables de la plupart des processus de transition et de transformation de la matière animée vers l’inanimée et inversement. Ce métabolisme constitue une base essentielle de toute vie.

Les gisements minéraux issus de processus géochimiques durant des millions d’années font partie des ressources non renouvelables. On doit y inclure aussi les combustibles fossiles comme la tourbe, le charbon, le pétrole et le gaz naturel. Cependant, le terme « non renouvelable » n’est pas tout à fait exact, car les matières premières ainsi qualifiées sont d’origine organique et leur formation se poursuit. Mais ces processus sont tellement longs que ces matières ne se régénéreront plus pendant la durée relativement brève de l’histoire de l’humanité. Dans leur livre « Der Klimawandel » [Le changement climatique] Stefan Rahmsdorf et Hans Joachim Schellnhuber écrivent à ce sujet :

« La quantité brûlée chaque année correspond approximativement à celle qui s’est formée environ en un million d’années pendant la période d’origine des gisements de pétrole et de charbon. » (p. 33/34)

Donc, si on prend en compte l’importance pour la vie humaine des matières premières provenant de l’environnement naturel, le concept « non renouvelable » est absolument raisonnable.

L’hydrosphère

L’hydrosphère englobe les ressources en eaux superficielles et souterraines de la Terre. La « couleur bleue » de la planète Terre visible de l’espace est due à l’eau. Les océans couvrent plus de sept dixièmes de la surface terrestre. Mais l’hydrosphère englobe aussi l’eau souterraine, l’eau d’infiltration dans le sol, l’eau piégée dans des minéraux ainsi que l’inlandsis et la banquise.

On estime le volume total de l’eau sur Terre à 1,4 milliard de kilomètres cubes. L’eau salée des océans en représente à elle seule 97 pour cent, 2 pour cent sont solidifiés sous forme de glace et seulement 0,7 pour cent est de l’eau douce sur la terre ferme.

Une particularité de la Terre sont les températures à sa surface, qui permettent à l’eau le changement entre les états d’agrégation solide, liquide ou gazeux. Tous les processus biologiques sur la Terre requièrent de l’eau liquide. À ce sujet, les auteurs Hans Knodel et Ulrich Kull écrivent :

« Presque tous les processus à l’intérieur des cellules des organismes se déroulent dans un milieu aqueux. Dans tous les êtres vivants, l’eau est le composant matériel principal (pour la plupart plus de 70 %) et de nombreux organismes vivent exclusivement dans l’eau. » « Ökologie und Umweltschutz » [Écologie et protection de l’environnement], p. 4)

Dans les océans et les eaux continentales (cours d’eau, lacs etc.), l’hydrosphère abrite des habitats pour une multitude d’organismes qui font partie des fournisseurs de protéines les plus importants de la chaîne alimentaire (poissons, crustacés etc.). Dans les grands réservoirs des eaux profondes et souterraines s’accumule l’eau douce, sève vitale de la flore et de la faune terrestres.

C’est grâce à une série de caractéristiques spécifiques (« anomalies ») que l’eau revêt une importance primordiale pour la vie. En comparaison avec des molécules apparentées telles que l’hydrogène sulfuré, on devrait s’attendre à ce que l’eau ait en fait un point de fusion d’environ moins 150 degrés Celsius et un point d’ébullition de moins 80 degrés Celsius. Pourtant avec 0 degré Celsius, elle a un point de fusion beaucoup plus élevé et elle ne s’évapore qu’à 100 degrés Celsius. Cela est la condition décisive pour l’existence des lacs et des cours d’eau.

De surcroît, encore à la différence d’autres substances, l’eau ne devient pas de plus en plus dense en se refroidissant. Elle atteint sa plus grande masse volumique déjà à 4 degrés Celsius – c’est pourquoi la glace plus légère flotte sur l’eau liquide et les organismes aquatiques peuvent survivre en dessous. Enfin, la capacité d’accumulation de chaleur propre à l’eau est beaucoup plus élevée que celle d’autres molécules de taille similaire. Les molécules d’eau peuvent revêtir différentes structures qui se métamorphosent aussi les unes en les autres. C’est pourquoi elle est le solvant idéal pour tous les processus vitaux biochimiques, et en plus, elle est capable de stabiliser d’autres molécules comme par exemple les protéines essentielles à la vie ou la substance héréditaire ADN.

L’hydrosphère de la Terre n’est pas un espace uniforme mais un système dynamique de réservoirs d’eau maintes fois segmenté. Ce système est animé par le Soleil, dont le rayonnement fait fondre les surfaces des glaciers, neigeuses et glacées, et évaporer l’eau des océans, des lacs et des cours d’eau, du sol et des organismes. Dans l’atmosphère, la vapeur d’eau se répartit sur la planète jusqu’à ce qu’elle se refroidisse et retourne sur la surface de la Terre sous forme de précipitations (rosée, pluie, neige, grêle). Une des fonctions écologiques les plus importantes du système aquatique animé par le Soleil est de refaire de l’eau douce, à partir des réservoirs géants d’eau salée des océans.

L’hydrosphère revêt aussi une importance particulière pour la formation du climat. Les océans et les lacs agissent de façon régulatrice sur leurs espaces climatiques, car l’eau possède une capacité d’accumulation thermique élevée.

L’atmosphère

L’enveloppe gazeuse de la Terre est dénommée l’atmosphère terrestre. Elle comprend plusieurs couches horizontales superposées.

Les couches d’air font partie des bases d’existence essentielles des plantes, des animaux et des humains. Dans la couche la plus basse et proche du sol, la troposphère, 90 % de la totalité de l’air et à peu près toute la vapeur d’eau de l’atmosphère sont concentrés. Aux pôles sa hauteur est d’environ huit kilomètres, autour de l’équateur de 18 bons kilomètres. C’est seulement dans la strate inférieure de la troposphère qu’il y a assez d’oxygène pour permettre la vie des animaux supérieurs et des humains.

L’atmosphère terrestre nommée « air » est composée à 78,1 % d’azote, à 20,9 % d’oxygène et à 0,9 % du gaz rare argon. Le 0,1 % restant se subdivise en une multitude de « gaz à l’état de trace ». Avec actuellement 0,04 %, le gaz carbonique est le gaz trace le plus connu et le plus important, notamment parce qu’il est un des plus importants gaz à effet de serre naturels malgré son infime pourcentage. Les gaz à effet de serre sont responsables de ce que les températures à la surface du globe varient dans un intervalle propice à la vie.

Dans la troposphère se joue toute l’activité météorologique avec les vents et la formation des nuages. Comme la troposphère est chauffée surtout par la Terre, elle se refroidit rapidement dans ses couches extérieures (d’environ 6,5 degrés Celsius par kilomètre en hauteur) où règnent des températures qui atteignent moins 55 degrés Celsius.

Au-dessus de la troposphère succède la stratosphère. Ici se situe la couche d’ozone